somwhere over the rainbow
une putain d'habitude
d'être un inconnu
sous ton propre toit.
maman pleure. elle doit en avoir marre.
papa gueule. il doit aussi en avoir marre.
marre de qui, marre de tout, marre de vous.
écoeuré d'la maladie. écoeurés du déni. écoeurée d'la vie.
tu claques souvent la porte esdras.
les fondations pourraient bien trembler.
s'effondrer, disparaitre. t'en s'rais peut-être soulagé.
mais tu r'trouves toujours ta p'tite soeur sur le pas.
alors qu'le système. foutu système.
l'système l'a recraché une énième fois.
t'as envie d'pleurer toi aussi.
t'as envie d'gueuler comme les autres.
éclater la porcelaine sur le plancher.
chasser l'mal à coup d'balai.
tu t'retrouves à la rue. tu n'fais qu'un avec le bitume.
parce que t'as pas besoin d'un sous pour y vivre.
mais t'as laissé une traîné d'toi-même derrière toi.
une ficelle accrochée à tes entrailles.
corde raide qui t'empêche de t'éloigner.
d'la famille. d'la folie. d'l'insensibilité.
t'en es venu à manipuler. profiter.
l'profiteur des coeurs légers.
faut toujours s'méfier du sourire trop blanc.
t'es l'premier qui souffre de ton reflet.
t'as pas d'couteau d'caché derrière le flanc.
y t'arrives même d'être bouffé par le regret.
car t'as une sensibilité qui t'fais tomber de haut.
t'as l'coeur gris. la vision grise. t'es l'indécis.
celui qui baisse le front, qui n'réfléchis pas.
qui s'jetterais au bas d'un pont.
pour surpasser l'trépas.
toujours faire d'ton mieux. p't'être pour être heureux.
rendre ton temps moins désastreux.
t'espères que les autres sourient
lorsque tu peins les nuances de ton récit.
les murs de la ville comme une toile.
parce que t'as pas eu conscience de ton intelligence.
d'ta facilité à écouter et apprendre.
t'as pas assez maîtrisé les mots.
pour être qu'un sosie d'fucking
poe.» t'as bu l'vin quand t'étais gamin. t'es devenu grand avant l'temps. le grand-frère, toi, la petite soeur. pas tombés dans la bonne famille, pas entourés d'gens heureux. les voisins qui vous donnent des ailes, les mêmes qui vous les arrache. la police qui cogne à la porte, les plaintes qui s'crient. un enfant arraché, les plus grands délaissés. voleurs, enfoirés, menteurs. c'est difficile, d'être humain. écoeuré d'crever sous l'poids de leur regard, préfère le faire avec les menottes dans le dos. les barreaux qui t'protègent, les soupires des policiers qui t'font presque taire. malgré tout, tu souris quand t'as pas d'porte fermée sur le nez. tu souris quand quelqu'un semble être heureux d'te voir. quand t'es pas juste l'ombre de toi-même. l'ombre d'un mirage. inconscient qu't'existes avant d'inhaler les couleurs toxiques. c'pas l'église qui te remet à ta place. c'pas l'chien qui t'suis à la trace qui t'donne une voix. t'as l'impression d'regarder l'dos d'tout le monde, même si tu leurs tiens la main. toujours à t'demander d'quoi sera fait demain. en souffrant sous l'encre. en souffrant sous l'orage. en te laissant tomber dans le lit ouvert ou le canapé froid. p't'être qu'un jour, t'auras ton vrai chez toi. «